Compétitivité : le coût du travail est-il un leurre ?

Malgré une accélération du coût du travail en Allemagne, les entreprises françaises restent moins compétitives que leurs homologues d’Outre-Rhin. L’explication ?

Selon des statistiques publiées par Destatis, version allemande de l’Insee, le coût du travail dans les entreprises d’Outre-Rhin  a, entre 2011 et 2013, grimpé plus rapidement (+2,7%) qu’en France (+1,9%). Globalement les charges pesant sur les salaires restent moins fortes en Allemagne mais l’écart se réduit entre les deux pays : avec un coût horaire de 35 euros, la France reste cinquième en Europe, devant l’Allemagne qui pointe en huitième position (31,70 euros). Entre 2004 et 2010, période au cours de laquelle ont pris corps les réformes du marché du Travail introduites par le chancelier socio-démocrate Gerhard Schröder, le coût du travail allemand avait évoluait près de trois fois moins vite que son homologue français.

L’Allemagne mise sur l’export

Le resserrement de statistiques ces deux dernières années traduit-il une perte de vitesse des entreprises implantées en République Fédérale ? Non car encore aujourd’hui, les industries situées à l’est du Rhin sont toujours citées comme des modèles de compétitivité, une dynamique qui ne repose plus uniquement sur la modération de leur coûts salariaux, mais sur un autre levier, le rapport qualité-prix de leurs produits. C’est ce qu’on appelle, dans le jargon économique, la compétitivité hors-coûts, celle qui est notamment stimulée par les fortes capacités d’innovation des entreprises et leur potentiel à l’export.

Pour faire bref, l’économie allemande  tire la plus grande part de sa richesse des exportations, alors que la France mise davantage sur la force de son marché intérieur.  Dans les deux cas, le pari est risqué. Actuellement, la France paye, par exemple, le contrecoup de sa politique d’austérité qui pèse sur le pouvoir d’achat et mine le moral de ses consommateurs. La stratégie allemande surfe, elle, sur la pente dangereuse de la mondialisation au détriment de sa demande intérieure, par ailleurs vieillissante.

Sur les produits haut de gamme, ceux du secteur automobile notamment, l’Allemagne détient trois fois plus de parts de marché que la France et son volume dans les exportations mondiales portant sur les marchandises de « haute qualité » serait de 13,5%, contre 5 % environ pour la France dont les principaux moteurs à l’international se limitent aujourd’hui aux secteurs du luxe, de l’aéronautique et de l’agroalimentaire.

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