Formation professionnelle :« La réforme va responsabiliser tout le monde »

Christophe Coriou, directeur de mission au sein de Medef national sur les Projets et Financement de la formation professionnel, décrypte pour nous la réforme en cours d’examen au Parlement.

Conseil-entreprise. org : En tant que représentant du Medef, quel regard portez-vous sur la réforme de la formation professionnelle ?

Christophe Coriou : On attend de savoir comment le contenu de l’accord interprofessionnel sera transposé dans la Loi. Les partenaires sociaux, dont le Medef, souhaitaient que ce texte repose sur trois piliers: faire d’abord en sorte que l’entreprise puisse prendre désormais l’initiative de faire la formation dont elle a besoin pour son personnel, mais aussi libérer la capacité des salariés et des demandeurs d’emploi à solliciter eux-mêmes un dispositif pour évoluer ou se reconvertir, notamment à travers le nouveau Compte Personnel de Formation (CPF). L’idée de la réforme est de responsabiliser tout le monde, l’entreprise comme l’individu, en partant du principe que pour libérer les initiatives, le système de formation devait être considérablement simplifié.

Justement, la simplification que vous appeliez de vos vœux est-elle vraiment au rendez-vous ?

Oui. Pour l’entreprise d’abord, l’obligation fiscale est supprimée. Il s’agit du fameux 0,9% de cotisations que les entreprises devaient verser au titre du plan de formation. Cette contrainte d’imputation disparait donc au profit d’une cotisation unique de 0,55% pour les entreprises de moins de dix salariés, et de 1% pour toutes les autres, contre 1,6% auparavant. Les employeurs n’auront donc qu’un bordereau à remettre à un seul interlocuteur .
Simplification pour les salariés ensuite : ils ont désormais clairement le droit de se former en s’appuyant sur leur Compte personnel de Formation (CPF) qui remplacera en 2015 le DIF* (Droit Individuel de Formation) dont le système est, à mon avis, virtuel, pas assez direct et peu incitatif : avec le DIF, le salarié doit demander à son patron l’autorisation de se former. Avec le CPF, il aura la possibilité, même en cas de refus de son employeur, de bénéficier d’une prise en charge de formation sur son temps de travail. Enfin, les crédits accumulés sur le CPF, qui peuvent atteindre 150 heures, contre 120 heures auparavant, restent valables pour les demandeurs d’emploi et pour les salariés qui changent d’entreprise. Leur compteur n’est, en quelque sorte, jamais remis à zéro.

Les demandeurs d’emploi seront dirigés vers une liste de formations devant, je cite, « répondre aux besoins de l’économie ». Cette contrainte ne va-t-elle pas se révéler contre-productive et agir comme un nouveau frein à la formation ?

Non, car le but est de leur retrouver un emploi le plus rapidement possible. Les demandeurs d’emploi ont évidemment le droit d’avoir des choix personnels. Mais, dans ce cas, est-ce qu’il revient aux entreprises de financer ? Il existe déjà des dispositifs, comme le CIF (Congé Individuel de Formation) qui permettent de s’orienter vers des reconversions professionnelles.

150 heures, est-ce-suffisant pour accéder à des formations vraiment qualifiantes ?

Non mais 150 heures, ça permet au moins de prendre l’initiative de se former et ça peut servir de déclencheur. Après rien n’empêchera que d’autres partenaires, conseils régionaux, entreprises ou même Pôle Emploi, prennent le relais et cofinancent des heures complémentaires de formation.

Qu’est-ce que le texte apporte en plus aux Très Petites Entreprises (TPE) ?

La nouvelle logique de mutualisation qu’on a introduite entre les PME et le TPE va permettre d’augmenter de 60% la masse de financement pour les besoin de formations dans les plus petites entreprises. Les fonds disponibles passent ainsi de 390 millions à 620 millions.

* 385 936 DIF sont aujourd’hui pris en charge pour un montant de 216 millions d’euros,  dont 57 754 DIF portables pour un montant de 38,5 millions d’euros.

Post author

Laisser une réponse