Le funéraire en France : un secteur en mutation ?

Avec un montant annuel de 2,25 milliards d’euros, le marché du funéraire ne connaît pas la crise. Sa valeur a d’ailleurs considérablement augmenté puisque ce marché était évalué à 1,3 milliards d’euros dans les années 2000. Une hausse de près de 50 % qui s’explique par un vieillissement de la population mais également par un manque d’éthique de la part des acteurs. Hausse des prix, manque de transparence, nouveaux modèles économiques… quelles sont les tendances du marché ?

Absence de transparence

Afin de garantir le droit à l’information des consommateurs, les entreprises du funéraire sont soumises à certaines obligations. Elles doivent notamment fournir un devis gratuitement à leurs clients, composé de trois colonnes distinctes. La première présente les prestations obligatoires régies par la loi. La deuxième détaille les prestations optionnelles demandées par les proches du défunt. Enfin, la dernière colonne reprend les « frais avancés pour le compte de la famille » tels que les taxes et frais de culte.

Cependant, en 2014, une enquête de la part de l’UFC Que Choisir montrait que 26% des agences visitées n’avaient pas remis de devis à leurs clients. Des refus qui se justifiaient de plusieurs façons, notamment par un manque de documents administratifs ou encore par un devis payant. Cette enquête révèle également que seulement 9% des devis fournis par les entreprises sont totalement conformes à la législation.

Initialement prévu pour faciliter la comparaison entre concurrents, ce modèle s’avère peu efficace. Les termes utilisés sont peu explicites pour le consommateur et les prestations ne sont pas classées dans un ordre logique. Ce manque de transparence engendre une inflation continuelle ; la course à la rentabilité prend le dessus sur le respect des consommateurs.

Des différences tarifaires injustifiées

Le marché du funéraire présente également d’importantes disparités. En effet, les prix peuvent augmenter considérablement d’une enseigne à l’autre. Pour les démarches administratives, le premier tarif s’élève à 59 € et cela peut aller jusqu’à 840 € ! À savoir que l’inhumation coûtait en moyenne 3 350 € en 2014 et s’élève désormais à 3 815 €, soit une hausse de 14 %. La crémation coûtait quant à elle en moyenne 3 609 € et atteint actuellement un montant proche de 4 000 €.

Cette enquête met l’accent sur un constat clair : certains acteurs du marché proposent leurs prestations à des prix élevés. Des pratiques abusive, jugent certains, surtout dans un moment ou la famille du défunt est dans une situation d’urgence et de faiblesse psychologique. Elle révèle d’ailleurs que l’inflation du funéraire en France s’élève à plus de 10% de 2014 à 2019, là ou l’inflation globale sur la même période s’élève à seulement 4%.

Des coopératives funéraires pour des pratiques plus respectueuses

Certains acteurs essayent cependant de se démarquer en proposant des pratiques plus respectueuses à des prix justes. C’est notamment le cas des Coopératives funéraires, modèle inspiré du Canada qui commence tout juste à émerger en France.

Ces coopératives communiquent sur des valeurs différentes, avec un accompagnement plus personnalisé. Elles se concentrent sur l’humain et privilégient l’écoute de chacun et le respect des volontés de la personne décédée.

La Coopérative de Pompes Funèbres de Nantes a été la première en France à s’être inspirée de ce modèle. Elle compte désormais plus de 500 sociétaires et se donne comme objectif de placer l’économie au service des personnes et non l’inverse. Un modèle qui semble se développer puisqu’une coopérative a récemment vu le jour à Rennes.

Démocratiques, solidaires et éthiques, ces coopératives sont gérées par et pour leurs membres. Les propriétaires sont donc les personnes qui désirent utiliser les services funéraires de la coopérative en prévision de leur propre décès ou lors du décès d’un proche.

Avec des parts de marché d’environ 40% au Québec, le modèle des Coopératives funéraires semble s’être largement imposé. Malgré une situation encore bien différente en France, les offres ont tendance à se développer et répondent à une réelle demande de la part des consommateurs. Une situation qui devrait, à terme, pousser certains acteurs à faire évoluer leurs services.

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Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

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